Comme une envie de légèreté
Car on a bien besoin d'une newsletter pleine de tips, d'amitié et de fête.
Salut vous. L’ambiance est lourde en ce moment non ? Je ne sais pas vous mais moi je suis un peu sur les rotules. Je dois vous avouer que le sujet de la santé mentale me pèse en ce moment. Unpopular opinion quand on a fondé un média sur le sujet. Je ne vais pas vous mentir ce n’est pas évident chaque jour de se motiver à creuser, comprendre, écrire, recueillir la parole des personnes concernées, sur des sujets, certes nécessaires comme la dépression, les TCA, l’anxiété, le cyberharcèlement, le su*c*de, les troubles psy, l’accès aux soins…, mais pas faciles à retranscrire avec l’angle et le ton justes pour les dédramatiser et à démocratiser.
Aussi seconde unpopular opinion, mener une vie au sein du monde impitoyable des médias indépendants n’est pas une sinécure non plus. L’incertitude géopolitique actuelle rend tout le monde très frileux. Les subventions sont coupées dans les grandes largeurs. Le sujet de la santé mentale n’est pas la priorité budgétaire des organisations même s’il l’est dans les déclarations publiques. Meta nous shadow ban à tout-va car on ne rentre pas dans leur ligne édito au choix : mascu ou lolilol. Je n’ai pas envie de me la jouer ouin-ouin mais très honnêtement l’avenir de mūsae est en jeu. Alors :
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Maintenant que j’ai dressé le tableau vous comprendrez pourquoi, je n’avais pas envie de vous écrire une newsletter aussi fouillée et dense que d’habitude. Donc aujourd’hui, on part sur de la légèreté. Et puis après tout vous n’avez pas besoin de nous pour plomber l’ambiance j’imagine. D’autres s’en chargent pour nous.
Dans cette ambiance générale, je vais vous donner les ingrédients qui me permettent de tenir (l’ordre est arbitraire et interchangeable en fonction du mood).
Dormir. Je ne vois plus la vie de la même façon après 8h de sommeil. Dans une de newsletters, je vous avais parlé des bienfaits de la pause.
Ma famille. Si je parviens à faire tout ce que je fais, c’est car elle me soutient. J’ai bien conscience que je suis chanceuse et que cela n’a pas de prix. ❤️
Le fromage. Les vrai·es savent que si mūsae est amené à se transformer ça sera en fromagerie avec des produits en direct live de ma Haute-Savoie natale. Et pourquoi pas ? J’ai déjà un petit concept en tête. Mon péché mignon : la tomme.
La musique très forte dans mes oreilles. Mon dernier coup de coeur : la playlist de Kevin Saunderson que j’ai particulièrement appréciée ce week-end.
La thérapie. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet j’en parle à longueur de temps ici.
Mes montagnes.
Courir au parc Martin Luther King ou ailleurs.
Écrire. Au début de cette newsletter, j’étais une boule de nerfs avec un trop-plein dans la tête de choses à faire et d’autres qui m’angoissent. Et puis au fil de cette écriture, tout se délie comme une boule de laine. L’écriture ça étire la pensée. Ça l’assouplit, ça le rend plus confortable à porter.
Mes ami·es.
La teuf. J’assume complètement ce point et j’en ai déjà parlé plein de fois notamment dans ce podcast pépite Amour, Gloire et Chips qui met en lumière les personnes talentueuses qui vivent dans mon pays de coeur : la Belgique.
En avril j’ai donc décidé que chez mūsae, pour ma santé mentale et la vôtre, on ne parlerait que des deux derniers points : l’amitié et la fête.
Avez-vous déjà essayé d’expliquer avec des mots justes ce qu’est l’amitié pour vous ? Le dictionnaire dit ça : Sentiment réciproque d'affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur l'attrait sexuel. C’est factuellement juste mais je la trouve trop réductrice cette définition pour exprimer ce que je ressens pour mes ami·es. C’est fou à quel point on a du mal à qualifier l’amitié. Dans l’avant-dernier numéro de l’Hebdo Le 1 dédié à l’amitié, l’anthropologue Robin Dunbar nous explique pourquoi.
Il est très difficile de définir ce que nous entendons par là car cela se passe sous l’horizon de conscience du langage. Nous savons de quoi nous parlons quand nous employons le terme mais comme on se situe dans le domaine émotionnel, c’est en quelque sorte le cerveau droit qui s’en charge; le cerveau gauche qui s’occupe du langage, a donc du mal à y accéder et à traduire ces sentiments en mots.
Récemment j’ai trouvé ma formule parfaite pour décrire ce qu’est pour moi l’amitié.
“Les amis sont ces paysages dont on connaît si bien les recoins accidentés”.
Cette phrase, je l’ai lue dans le magnifique ouvrage de Lola Lafon Il n’est jamais trop tard qui m’a d’ailleurs été offert pour mon anniversaire par une amie qui m’est chère. Je la trouve particulièrement juste notamment en matière de santé mentale. Ah du coup on reparle de ça. C’est fou hein c’est plus fort que moi. Non mais quand même j’aime bien, c’est juste que parfois je suis fatiguée. Bref.
Justement nos ami·es ce sont ceux qui nous portent lorsque notre santé mentale va moins bien. Quand on ne parvient pas à se rétablir de son trouble, lorsqu’on a du mal à tenir à distance nos addictions, lorsqu’on sent juste seul·e et fatigué·e. Car la santé mentale contrairement à ce que dit l’OMS ce n’est pas seulement “un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté”. Non ce n’est pas exclusivement un état de bonheur et de plénitude extrême.
La santé mentale c’est aussi plein de recoins accidentés qui existent le long d’un continuum qui peut se détériorer ou s'améliorer en fonction de ressources et des obstacles qu’on rencontre. Ces obstacles souvent sont du ressort des structures sociales engendrant du racisme, de la misogyne, du validisme, de la psychophobie, un manque d’accès aux soins etc… Mais aujourd’hui on a dit légèreté alors je me concentre sur les ressources.
Parmi les ressources pour notre santé mentale, il y a l’amitié. Pour moi elle s’incarne de manière multidimensionnelle :
À travers la parole pour oser exprimer nos zones accidentées comme celles plus joyeuses. Mais aujourd’hui dans nos sociétés de moins en moins rencontrantes, on peut facilement se retrouver seul·e. Trouver le temps de se parler peut se faire de plus en plus rare si on ne maintient pas une routine pour dessiner ces espaces. Je vous recommande dans ce sens le “petit manuel” de
l’amitié de Judith Duportail dans sa newsletter Rebelles.
“Quand on se quitte avec un ou une amie, on peut d’ores et déjà prévoir la prochaine fois où on se verra. Comme ça on maintient le lien sans se laisser entraîner dans un tourbillon de vie”.
Comme Judith Duportail, moi non je n’ai pas envie de me contenter d’un déj tous les 6 mois pour faire l’update de nos vies avec mes ami·es. J’ai besoin de rendez-vous et de connexions régulières.
À travers l’écoute. La parole se libère en ce moment sur la santé mentale et c’est super mais pour qu’elle soit véritablement libératrice, encore faut-il qu’elle soit entendue et comprise. Et c’est dans ce moment-là que nos ami·es jouent souvent ce rôle précieux. Exemptés de points de vue familial ou amoureux, iels sont parfois plus à même d’offrir une écoute échappant à certains biais, inquiétudes et attentes personnelles.
À travers le soutien et notamment celui qu’on se donne entre personnes qui s’engagent en faveur de la santé mentale pour en faire un corps collectif et solidaire. Ni ami·e intime, ni de longue date, on partage un socle de valeurs communes. On se donne de la force dans les combats. On se donne des idées. Ce cercle d’ami·es ci est un lieu d’entraide et de créativité pour moi. Spéciale dédicace à Astrid, Abigail, Nathalie (x2 car il y en a 2), Claire, Maxime, Mickaël, Sylvain. Iels se reconnaîtront
À travers la fête. Pour moi la fête est cathartique, c’est un espace de libération et de réconfort à la fois. Au détour d’un beat, d’une lumière, d’un dancefloor on se sait, on se retrouve. Que ce soit avec nos ami·es de toujours ou celleux d’une nuit. J’aime beaucoup les mots d’Arnaud Idelon dans son livre Politiques du dancefloor qui exprime ce que fait la fête à l’amitié : “La fête est un espace-temps d’amitié immanente, de rapprochement d’êtres dans le pur présent.”
L’amitié se nourrit dans ses 4 dimensions clés pour moi. Elles me font du bien. L’amitié est une soupape pour mes recoins accidentés. Et si comme le dit Lola Lafon, on mesurait la réussite de nos vies à la qualité de nos amitiés ? La vie ne serait-elle pas plus douce ?


Et vous savez où vous pouvez retrouver la fête et l’amitié? Aux 4 ans de mūsae qui ont lieu le jeudi 24 avril à La Rotonde à Paris.
Organisé dans le cadre du Mois de la Santé Mentale à Paris, on vous a concocté un line-up de qualité que je suis fière de vous dévoiler dans sa globalité avec du beau monde. Et ça, c’est la vraie bonne nouvelle de cette newsletter.

Pas mal non ?
Alors on s’y voit ?
En tout cas moi, ça me ferait plaisir.
D’ici là soignez vos amitiés et votre santé mentale.
Bisous
Christelle
En parlant d’amitiés, je vous ai déjà parlé d’Amicale 3000, le podcast créé par Astride Framery et Paco Tiendrebeogo?
Amicale 3000 est un podcast qui explore ce que pourrait devenir notre société si l’amitié était au centre de nos modes de vie. À chaque épisode, une thématique — habitat, travail, célébration… — ouvre la voie à une réflexion collective. Trois invité·es sont invité·es à se projeter dans un monde où les liens amicaux structurent nos manières de vivre, et à raconter comment cela transformerait notre quotidien. À travers ces récits spéculatifs, Amicale 3000 questionne nos façons d’habiter, de coexister et de tisser du lien, en rêvant à d’autres futurs possibles.